QUE TROUVEREZ-VOUS DERRIÈRE LA PORTE ?



Vous trouverez du coeur, du bonheur, de la colère aussi parfois...

Vous trouverez de bonnes et belles choses pour les papilles et les yeux...

Vous trouverez des mots, les miens et ceux des autres...

Vous trouverez de très étranges univers, des mondes imaginaires, de la folie...

Vous trouverez le passé, les légendes, les coutumes de nos terroirs et des peuples lointains...

Vous trouverez mon univers, mes proches, mes compagnons à 4 pattes...

Vous trouverez... MOI... et c'est tellement de choses que je vous les laisse découvrir par vous-même...

Poussez la porte.....

mardi 10 août 2010

REINE DES AIRS


http://catman14.skynetblogs.be/


Vous connaissez déjà ma passion pour la poésie...et quoi de mieux pour passer un bon week-end que quelques belles phrases...
Le sujet que j'ai choisi aujourd'hui me touche de très près, surtout en ce moment...
Nous avons plusieurs couples d'hirondelles comme voisines et amies...

Des hirondelles de cheminée...


LOUPSERVIER

  Et des hirondelles de fenêtre...


LOUPSERVIER


Elles cherchent à nicher dans mon garage, et bien sur, je laisse la porte entrouverte pour leur en laisser l'accès libre....

Cet amour des hirondelles me vient de ma mère...Elle m'a toujours appris à les aimer, les respecter...leur parler aussi...ce que nous faisons quand elles se posent tout près de nous, sur les fils du téléphone...et...elles nous répondent, par de légers gazouillis pleins de gaieté.....

Alors, parce que par la faute des Humains qui détruisent leur habitat, et polluent leurs terrains de chasse, et même parfois les mangent, chez moi, pour compenser tout cela, les hirondelles sont des Reines..des Déesses...

Et je suis sûre que les habitants du bout du champ sauront me récompenser de mes attentions envers ces oiseaux sacrés en répandant sur ma demeure la poudre dorée du bonheur....


LOUPSERVIER

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http://mamzellemirabelle.blogspot.fr/


"L'HIRONDELLE - CHARLES GRANDMOUGIN - 1892 -

Sous le vieux pont, les hirondelles
Deux fois l'an bâtissent leurs nids ;
Le bonheur nous les rend fidèles,
Elles passent, oiseaux bénis,
Respectés par nos mains cruelles.

On aime à vous suivre des yeux,
Chasseresses de noir vêtues ;
Vos larges becs laborieux
S'ouvrent, et vos ailes pointues
Touchent la terre ou vont aux cieux !

Que de sveltesse et d'harmonie
Dans la courbe de vos essors,
Quand vous filez, ivres de vie,
Comme des flèches, sans efforts,
Avec une grâce infinie !

Les moucherons, danseurs légers,
Formant en l'air de fins nuages,
Valsent, ignorant les dangers ;
Mais dans vos becs prompts et sauvages,
Leurs bals d'un moment sont plongés.

Vos petits, dont la faim s'aiguise,
Ne savent pas voler encor ;
Dans leur nid, sous la voûte grise
Où l'eau jette ses reflets d'or,
Ils attendent, bec à la brise.

Tantôt par les grands jours brillants,
Vous planez, essaims circulaires,
Pleins de caprices ondulants,
Et l'on voit briller, taches claires,
Vos jolis petits ventres blancs ;

Tantôt, sûr présage de pluie,
Chantant haut, vous rasez le sol
Où l'insecte se réfugie,
Et vous frôlez dans votre vol
Les blancheurs de la route unie.

Que de coups d'aile et de travaux,
Petites mères hirondelles !
Que de soucis toujours nouveaux !
Et combien vous semblez cruelles
Aux mouches des airs et des eaux !

Mais quand septembre aux nuits voilées,
Mêlant du froid à ses douceurs,
Embrume forêts et vallées,
Pour émigrer avec vos soeurs,
Vous êtes bien vite assemblées.

Tristement nous irons vous voir
Vous grouper sur la vieille église
Au sommet doré par le soir,
Quand le rouge soleil s'enlise
Derrière un coteau déjà noir.

Le vieux pont de pierre, hirondelles,
Sera veuf de vos joyeux cris.
Et jusques aux feuilles nouvelles
N'aura, sous sa voûte aux tons gris,
Que le bruit des eaux éternelles !"





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http://lusile17.centerblog.net/


"FIDELES HIRONDELLES - SULLY PRUDHOMME -

Toi qui peux monter solitaire
Au ciel, sans gravir les sommets,
Et dans les vallons de la terre
Descendre et planer dans l'air,


Toi qui, sans te pencher au fleuve
Où nous ne puisons qu'à genoux
Peux aller boire, avant qu'il ne pleuve
Au nuage trop haut pour nous ;


Toi qui pars au déclin des roses
Et reviens au nid printanier,
Fidèle aux deux meilleures choses :
L'indépendance et le foyer.


Comme toi, mon âme s'élève
Et tout à coup rase le sol
Elle suit avec l'aile du rêve
Les beaux méandres de ton vol.


S'il lui faut aussi des voyages,
Il lui faut son nid chaque jour,
Elle a tes deux besoins sauvages :
Vivre libre dans l'intense amour."

        
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"CE QUE DISENT LES HIRONDELLES - THEOPHILE GAUTIER -

Déjà plus d'une feuille sèche
Parsème les gazons jaunis ;
Soir et matin, la brise est fraîche,
Hélas ! les beaux jours sont finis !

On voit s'ouvrir les fleurs que garde
Le jardin, pour dernier trésor :
Le dahlia met sa cocarde
Et le souci sa toque d'or.

La pluie au bassin fait des bulles ;
Les hirondelles sur le toit
Tiennent des conciliabules :
Voici l'hiver, voici le froid !

Elles s'assemblent par centaines,
Se concertant pour le départ.
L'une dit : " Oh ! que dans Athènes
Il fait bon sur le vieux rempart !

" Tous les ans j'y vais et je niche
Aux métopes du Parthénon.
Mon nid bouche dans la corniche
Le trou d'un boulet de canon. "

L autre : " J'ai ma petite chambre
A Smyrne, au plafond d'un café.
Les Hadjis comptent leurs grains d'ambre
Sur le seuil d'un rayon chauffé.

" J'entre et je sors, accoutumée
Aux blondes vapeurs des chibouchs,
Et parmi les flots de fumée,
Je rase turbans et tarbouchs. "

Celle-ci : " J'habite un triglyphe
Au fronton d'un temple, à Balbeck.
Je m'y suspends avec ma grille
Sur mes petits au large bec. "

Celle-là : " Voici mon adresse :
Rhodes, palais des chevaliers ;
Chaque hiver, ma tente s'y dresse
Au chapiteau des noirs piliers. "

La cinquième : " Je ferai halte,
Car l'âge m'alourdit un peu,
Aux blanches terrasses de Malte,
Entre l'eau bleue et le ciel bleu. "

La sixième : " Qu'on est à l'aise
Au Caire, en haut des minarets !
J'empâte un ornement de glaise,
Et mes quartiers d'hiver sont prêts. "

" A la seconde cataracte,
Fait la dernière, j'ai mon nid ;
J'en ai noté la place exacte,
Dans le pschent d'un roi de granit. "

Toutes : " Demain combien de lieues
Auront filé sous notre essaim,
Plaines brunes, pics blancs, mers bleues
Brodant d'écume leur bassin ! "

Avec cris et battements d'ailes,
Sur la moulure aux bords étroits,
Ainsi jasent les hirondelles,
Voyant venir la rouille aux bois.

Je comprends tout ce qu'elles disent,
Car le poète est un oiseau ;
Mais, captif ses élans se brisent
Contre un invisible réseau !

Des ailes ! des ailes ! des ailes !
Comme dans le chant de Ruckert,
Pour voler, là-bas avec elles
Au soleil d'or, au printemps vert !"


              





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"COMME L'HIRONDELLE - CLAUDE NOUGARO -

Je voudrais écrire comme l'hirondelle
Dans un cri perçant un chant vraiment neuf
M'accoucher de toi, langue maternelle
Compter jusqu'à 9 et sortir de l'oeuf

Je voudrais écrire comme l'hirondelle
Un hymne à la vie quand descend le soir
Au soir de mes jours, mettre l'étincelle
Et le feu au cul d'un immense espoir

Je voudrais écrire comme l'hirondelle
Petite ancre noire plus belle qu'un avion
Je voudrais écrire une histoire, celle
Celle des beaux jours lorsque nous avions

Lorsque nous avions comme l'hirondelle
Tout l'espace à nous, à nous tout le temps
Je voudrais l'écrire, pas comme un savant
Je voudrais l'écrire comme l'hirondelle

Dans un cri perçant ivre de ciel clair
De mes longues ailes, de ma fine fourche
Je voudrais écrire, libre comme l'air
Les mots virginaux que rêvait ma bouche

Lorsque nous avions comme l'hirondelle
Tout l'espace à nous, à nous tout le temps
Je voudrais l'écrire, pas comme un savant
Je voudrais l'écrire comme l'hirondelle

Comme les hirondelles et leur cri perçant
Leur corps top model habillé de vent
Aujourd'hui aucune, elles sont ailleurs
Essayant les plumes d'un nouveau tailleur"




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"LA CHANSON DES HIRONDELLES - FRANCOIS BARILLOT -

Adieu, pays des lauriers rose,
Où dans les fleurs écloses,
Chantent les colibris.
Sous le chaume, au toit des tourelles
Nous revenons fidèles
Chercher nos vieux abris.

Nous les hirondelles frileuses
Nous avons traversé les mers
Et des cités tumultueuses
Nous revenons peupler les airs.
Notre aile noire fuit le givre,
Notre duvet craint les autans ;
Avec l'homme nous aimons vivre
Et nous ramenons le printemps.

Des palais aux vastes arcades,
Où les rois se tiennent blottis,
Sous l'acanthe des colonnades
Nous voyons naître nos petits.
Et pendant que la sentinelle
Veille au seuil de la royauté
Nous fendons l'air à grand bruit d'aile
Et nous chantons la liberté.

Nous aimons la vieille mansarde
Où la marjolaine est en fleurs,
Où l'ouvrière nous regarde
Avec des yeux mouillés de pleurs.
Il suffit à notre famille
D'une mouche ou d'un vermisseau.
Elle ! bien tard pousse l'aiguille
Pour nourrir son fils au berceau.

Quand nous rasons les cheminées
Des prisonniers, pauvres martyrs,
Hélas ! nous sommes consternées
De leurs sanglots, de leurs soupirs.
Ainsi que vous, les hirondelles,
Hommes, construisent leurs maisons
Mais elles s'aiment trop entre elles
Pour se construire des prisons."








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Voilà, passez un bon dimanche...et si vous voyez dans le ciel un ballet d'hirondelles, souvenez-vous de ce que je vous ai dit : les hirondelles sont des Reines, des Déesses, un miracle dans nos petites vies.......