QUE TROUVEREZ-VOUS DERRIÈRE LA PORTE ?



Vous trouverez du coeur, du bonheur, de la colère aussi parfois...

Vous trouverez de bonnes et belles choses pour les papilles et les yeux...

Vous trouverez des mots, les miens et ceux des autres...

Vous trouverez de très étranges univers, des mondes imaginaires, de la folie...

Vous trouverez le passé, les légendes, les coutumes de nos terroirs et des peuples lointains...

Vous trouverez mon univers, mes proches, mes compagnons à 4 pattes...

Vous trouverez... MOI... et c'est tellement de choses que je vous les laisse découvrir par vous-même...

Poussez la porte.....

jeudi 22 mars 2012

JE ME SOUVIENDRAI...



Habitant entre Omaha et Utah Beach, je ne pouvais bien sur ignorer la date du 6 Juin 1944...

Demain, ici, ce sera le grand cirque médiatique, les routes seront bloquées, il sera difficile d'aller rendre hommage aux quelques vétérans qui auront encore une fois fait le déplacement...
Mais, ils savent bien que personne ici n'a oublié le sacrifice de leurs camarades...ni non plus les paquets de bombes qui ont ravagé notre région...mais ceux qui débarqué sur nos plages n'y étaient pour rien...alors...la reconnaissance et l'amitié l'ont emporté sur les rancœurs....

Heureusement, les officiels s'en iront vite..et la vraie fête pourra commencer...celle des gens ordinaires, celle des véritables héros...
Un livre admirable est sorti à l'occasion du 60ème anniversaire du Débarquement : « Paroles du Jour J », on y trouve des lettres de Normands, de GI's, de soldats du Commonwealth, d'Allemands...tous réunis dans le souvenir de ce jour incroyable...






En voici quelques passages...


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Lettre de Franz Gockel (10 juin 1944)
"Chers parents, chers frères et soeur
Votre fils, votre frère vous exprime toute son affection ! Je vous salue. Je vais de nouveau bien si l'on laisse de côté ma blessure. J'espère que vous aussi vous allez bien.
Mardi, le 6 juin, il y a eu une attaque sans précédent, une attaque inimaginable, du jamais vu, même en Russie...
À 1 h 30, on a sonné l'alarme : nous avons été bombardés par les Américains aux deux embouchures de la rivière, sur notre droite et sur notre gauche. Nous attendions, angoissés, vigilants, près de nos armes. À l'aube, vers 4 heures, nous avons commencé à deviner la silhouette des premiers gros navires ennemis. À peine les distinguions-nous que des éclairs jaillissaient déjà de leurs canons à une cadence infernale. Bientôt, les premiers obus s'abattirent sur nous dans un vacarme épouvantable. De leur côté, les bombes larguées par les avions n'arrêtaient pas siffler. Il n'y eut bientôt plus un mètre carré de sol qui ne soit touché par les bombes ou par les obus. En moins de cinq minutes, la maison où nous logions était en flammes. J'étais avec ma mitrailleuse dans un abri à quarante mètres de là.
L'abri a d'abord tenu le coup, puis il a été rapidement détruit lorsque les premières péniches de débarquement ont accosté les plages. Le manteau de la mitrailleuse a tout de suite été transpercé par des coups au but. Ensuite, j'ai encore reçu des obus de 7,5 et des grenades, si bien que les parois se sont à moitié effondrées. J'ai réussi à grand-peine à me dégager des gravats et je me suis réfugié dans le boyau de communication. Mon arme était restée dans l'abri. J'y étais à peine retourné que ce dernier fut touché de plein fouet. Je me suis retrouvé à nouveau sous les décombres. J'ai pu quand même m'en extraire tout seul. J'avais un gros éclat d'obus à quelques centimètres de la tête...."

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Le journal de Michel : récupérer ce qui peut l’être

"Juin 1944 — Je viens d’avoir onze ans (le 3 mai). J’habite à Carentan, à douze kilomètres de Sainte-Mère-Église et à quinze kilomètre de la côte.
Il doit être vers les 5 heures, le matin du mardi 6, quand mes parents me réveillent en raison de la violence et de la proximité accrue des bombardements. J’apprends — les yeux encore ensommeillés
— « qu’ils ont commencé » il y a plusieurs heures mais que cela se rapproche. J’entends aussi ce qui devient le leitmotiv de la journée : « ils ont débarqué. »
Vers 6 heures, cela se rapproche encore — des coups sourds et lointains alternant avec des explosions bruyantes et rapprochées (« des obus de marine », dit mon père — et comme nous sommes vraiment très près de la gare — qui constitue une cible éventuelle -, mes parents décident d’aller se réfugier chez une amie, Mme Letan, rue du Port-au-Vin, à huit cents mètres de là. Il faut dire que la construction, en briques légères, qui abrite — au premier étage au-dessus d’un entrepôt — l’appartement tremble et tangue vraiment sous les coups. Dans le jardin, une tranchée a été creusée le long du mur qui borde la place du Marché aux pommes ; nous nous y réfugions car les bombes — ou les obus — semblent tomber tout près et la place est plongée dans un brouillard de fumée et de poussière. J’ai le temps de voir Gallo, un copain de classe, qui habite une ruelle qui donne de l’autre côté de la place, traverser la place en courant avec ses parents et ses frères et soeurs ; ils viennent s’abriter derrière un mur de jardin voisin du nôtre ; les enfants pleurent : leur
maison a été touchée par une bombe.
Il paraît que «ce sont des torpilles ». Elles sont tombées principalement du côté de la route de Cherbourg, de l’autre côté de Carentan. Plusieurs maisons ont été détruites ; dans l’une d’elles,
une famille complète, les Lamy (les parents et leurs six enfants), a été tuée ; mon père les connaissait : le père travaillait dans la même entreprise que lui. Le maire, le docteur Gaillard, a été tué.
La journée se passe à essayer de récupérer dans les décombres ce qui peut l’être : bien en évidence sur le dessus, ironiquement intact, un jambon de Bayonne ramené par mon père de Saint-Sever-sur-
Adour, où il avait échoué lors de la retraite en juin 1940, et à peine entamé, conservé pour des jours plus sombres ; mon costume de communiant, presque intact lui aussi, dont la perte supposée
me désespérait.........."


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"Nous lançons nos chars à l’eau comme prévu et nous tournons en rond, essayant de pratiquer les manoe
uvres que nous avons apprises à l’entraînement. La mer est trop agitée…
C’est alors que je décide de mettre le cap sur la plage (je ne sais pas nager). Je me dirige vers la plage ; nous sommes à environ quatre kilomètres au large ; le mouillage est très difficile à cause
de la furie du vent.
Dix-neuf chars… Alors que tout semble se passer normalement, je vois derrière moi un char coulé, ensuite deux autres, complètement envahis par les vagues qui montent à une hauteur alarmante ;
je continue mon chemin en crabe ; l’ennemi tire beaucoup à la mitrailleuse mais très peu d’obus de gros calibre. Les mitrailleuses n’ont pas d’autre effet sur un char qu’un crépitement désagréable… Quand mes chenilles touchent le sable, je m’aperçois que sur les dix-neuf chars partis du bateau nous ne sommes plus que quatre ; les autres ont sombré…
Alors commence la tiédeuse tâche de descendre les mines Teller qui jonchent le trajet que je dois parcourir pour approcher ma cible, un blockhaus sur la digue. Les mines sont détruites avec un fusil que je manie debout sur la tourelle. Fils de fer barbelé, asperges de Rommel, chevaux de frise, portes Maginot : tout le barda que l’ennemi a échelonné sur la plage ralentit notre approche mais tant de choses dépendent de nous que nous n’avons pas le temps de songer à notre sécurité individuelle et nous, les quatre chars, savons que nous ne sommes plus nécessaires que jamais à cause de notre nombre réduit…
J’arrive finalement à dix mètres de ma cible ; le blockhaus tire de plus belle mais je suis trop près de lui pour lui offrir une cible : ses obus passent au-dessus de ma tête. Je place deux obus dans la
gueule de canon pour déranger son tir et, faisant le tour de la défense, je défonce la petite porte métallique derrière et engouffre six à huit obus explosifs dans l’écorchure. Les quatorze bonshommes dans le blockhaus sont réduits en bouillie, sur le mur, le plafond, partout…
Je mets le cap sur la Kommandantur immédiatement après avoir défoncé environ seize murs de pierre et je fais prisonniers trente-deux hommes et officiers qui ont autant la trouille que moi. Et
voilà mon entrée dans Courseulles, mon premier contact avec la « doulce France ».

Léo Gariépy


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Journal de Dalmain Estes, 25 ans. Il débarque à Omaha Beach à 7h30

"Nous étions la seconde vague de débarquement… J’ai vu les hommes de la première vague tomber sous le feu des mitrailleuses et des fusils. J’ai vu ce qui s’est passé lorsqu’une péniche de débarquement chargée de chars s’est arrêtée à une trop grande distance de la plage, déchargeant ses chars qui ont tous coulé à pic… J’ai vu les hommes sortis des landing crafts, se débattant dans une eau trop profonde, essayant d’atteindre la terre ferme avant de se noyer…"


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Voilà, à ceux qui habitent ma région, je souhaite une belle journée demain, pleine d'amitié et de fraternité........car si quelque chose de bon doit résister au temps qui passe..c'est bien cela...

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