PAUVRE DESTIN

 

Trois textes sombres...sans concession...sur le destin des hommes...et leur nature profonde...même si parfois on aime à se poser des œillères...et sur la vanité de certains rêves de grandeur...seule l'âme est grande...parfois !

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DE SECONDE EN SECONDE

La vie n'est qu'une succession de secondes...

A chaque seconde correspond un âge...

Dès la première seconde sur la Terre,

Un homme est classé et répertorié...

Après quelques secondes seulement,

Il est contraint de s'instruire selon les normes...

Quelques secondes plus tard,

Il doit apprendre à tuer d'autres hommes...

Enfin, cela dépend des cas,

Plus ou moins de temps après,

Il doit à son tour songer à engendrer...

Puis, viennent les secondes, longues...

Des travaux forcés et des ennuis d'argent...

Et, un beau matin, après des milliards de secondes,

l'homme a enfin le droit

De disposer de son temps comme il l'entend...

C'est alors, le plus souvent,

Que la fin des secondes arrive...

Et leur ronde s'arrête,

Sans que l'homme puisse l'en empêcher....

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TOUS ÉGOÏSTES....

Il y a des jours si beaux

Que l'on voudrait longtemps

Les garder rien que pour soi...

Il y a des nuits si claires

Qu'égoïstement l'on souhaiterait

Être le seul à les voir...

Il y a des paysages si lumineux

Que le moindre promeneur

En détruit toute l'harmonie...

Il y a des gens si bons

Que l'on désire les avoir pour ami

Et les garder toute la vie...

Mais il y a des jours si tristes

Que l'on a hâte de les donner

Aux autres pour qu'ils souffrent aussi...

Mais il y a des nuits si noires

Que l'on recherche la foule

Pour ne plus avoir si peur...

Mais il y a des natures si mortes

Que même cent personnes

Ne pourraient les faire revivre...

Mais il y a des être si malfaisants

Que l'on n'est pas trop de mille

Pour supporter le fardeau de leurs actes...

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LE PETIT BATEAU DE PÈCHE

Moi qui ne suis qu'un bateau vide sur l'océan,

Moi qui n'ai pas de voile, pas de capitaine,

Moi qui vogue abandonné de tous,

Je regrette aujourd'hui d'être né...

Quoi de plus humiliant pour un bateau

Que de mourir ainsi, abandonné, sans soin...

Je suis un bateau de pauvre pêcheur,

Un petit garçon malin a détaché mon amarre,

Et depuis des jours, j'erre sur la mer, ballotté par les vents...

J'aurais voulu être grand comme un paquebot,

Et m'appeler « France » ou « Normandie »...

Mais je n'ai été qu'un petit bateau de pêche,

Mal repeint; mal aimé, au moteur toussotant...

Personne n'est jamais content d'un bateau tel que moi,

Et un jour, j'aurai sûrement fini ma vie à la casse...

Alors il vaut peut-être mieux pour moi,

Mourir ainsi, par la mer que j'ai servie...

Oui, après tout, mourir en navigant,

Même si je ne suis coulé que par un écueil,

Et non par une torpille, ou par un iceberg,

N'est-ce pas la plus belle mort possible

Pour un humble petit bateau de pêche,

Mal aimé, mais qui aurait tant aimé....